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Le rôle des médecins en soins palliatifs

Périodique
Adulte



Résumé

Lorsque l’on questionne les soins palliatifs, les médecins font forcément partie des premiers interlocuteurs concernés. Leurs interventions sont de première ligne et leur positionnement se doit d’être en constante adaptation.
Comme vous avez pu le constater dans les numéros précédents, les professions de santé sont régulièrement remises en question ; par les patients dont les demandes changent au fil du temps mais aussi par le corps médical lui-même, soucieux de s’ajuster aux nouvelles conditions de vie et de soin. Le contexte de ces dernières années a forcé le corps médical à revoir ses positionnements, ses convictions, parfois de manière plus humaine, parfois de manière plus pragmatique. Les générations s’entrechoquent, le personnel prend parfois le pas sur le professionnel, les compétences relationnelles se développent et se questionnent. Les structures se modifient et se réorganisent. L’éthique est revue et conduit à de nouvelles (in)certitudes. Les changements environnementaux et les conditions sanitaires ont profondément touché et modifié la société, la population, leurs comportements. La place du patient s’en est alors vue, elle aussi, influencée. Les inégalités soulèvent l’indignation des professionnels de santé.
Depuis toujours, et encore dans les pratiques contemporaines, le médecin est le professionnel « qui guérit ». Depuis toujours son rôle et son objectif ultimes sont de préserver à tout prix la vie, voire la santé si cela est possible. Alors comment, aujourd’hui, ce sauveur (parfois tout-puissant) peut-il accepter de céder face à la mort, de l’accompagner et quelque part, reconnaitre une forme d’échec de sa profession ? Comment accompagner le patient dans ses derniers instants en gardant pour objectif le confort et non plus la guérison ?
Comment les nouvelles générations de médecins font-elles face à ces changements ? Comment leur cursus a-t-il évolué ? Comment le discours même des enseignants a-t-il pu changer au fil des années ? Est-ce que ce positionnement, au-delà du cadre de la loi belge, est unanimement ou même juste majoritairement reconnu au sein des corps de métiers de la santé ? Les jeunes médecins sont-ils capables à l’heure actuelle, d’accepter et de s’engager dans une pratique où la mort est parfois le choix du patient plutôt que la survie à tout prix ? Comment cette évolution se déroule-t-elle dans d’autres régions du monde ?
Il semble que, depuis peu, un cours de soins palliatifs soit inclus dans le cursus universitaire. Là, les fondements, la philosophie et l’accompagnement de fin de vie sont abordés. Les futurs médecins prennent conscience que les soins palliatifs constituent une spécialité de la médecine à part entière et ne voient donc plus cette branche comme une mise en échec des soins. 
La qualité de vie de la personne atteinte d’une maladie incurable devrait toujours être privilégiée et prise en compte dans l’administration d’un quelconque traitement. D’après plusieurs entretiens réalisés auprès de médecins généralistes, il s’avère que la plupart respectent ce précepte.
Une jeune médecin nous partage son expérience lors de ses différents stages où l’accompagnement d’une personne en fin de vie devient un phénomène « courant ». Elle a pu rencontrer d’autres nouveaux médecins dont la plupart font appel au réseau des soins palliatifs. Accompagner la mort, par le médecin traitant, devient de plus en plus ancré dans leurs pratiques au point où, d’après notre interlocutrice, les « soins palliatifs » seraient proposés de plus en plus tôt.
En conclusion, il va de soi qu’à l’heure actuelle, le médecin ne peut plus se cantonner aux anciennes pratiques. Une remise en question parfois violente s’impose, la fragilité de notre système de soin s’est révélée et ses failles se sont creusées telle cette souffrance des soignants exprimée au grand jour et ce manque d’effectif notable pour prendre soin de l’Humain. 
Alors aujourd’hui, pourquoi, pour quoi et surtout comment remettre en question la place des médecins ? Dans quel sens convient-il d’évoluer afin de répondre (ou de ne pas répondre) aux besoins et aux demandes mais aussi aux « modes » actuelles ? 
Notre dossier tentera de faire le point sur l’évolution de la pratique palliative : la façon dont elle a trouvé et stabilisé sa place, ses évolutions suivant les besoins et les demandes, suivant les changements environnementaux, mais aussi et surtout la façon dont elle a modifié l’individu, la personne derrière la blouse blanche et l’ensemble bleu. Ce dossier sera le lieu où questionner les pratiques actuelles : celles où viennent se briser l’aspect humain, celles qui fâchent, celles qui génèrent frustration et révolte.
Nous remercions chaleureusement nos plumes pour leur participation éclairée et éclairante sur ces voies nébuleuses qui, nous l’espérons, vous permettront d’y voir avec plus de justesse et de lumière.
Par Kevin VASBINDER, psychologue à la plate-forme, secondé par l’équipe de la plate-forme.


Sujet

Le rôle des médecins en soins palliatifs

Thématiques

Psychologie Approches relationnelles, Législation Déontologie, Médical Nursing Pharmacologie

Mots-clés

domicile,équipe de soutien,médecin,patient,relation soignant / soigné,rôle,soins palliatifs,place


Détail du document
Namur : Fédération Wallonne des Soins Palliatifs, 01-12-2022
Périodicité:
Nombre de pages : 56 pages
Langue: Français
Disponibilité en bibliothèque
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