A l’origine, il y a ce projet porté par les membres de l’équipe de l’ASPPN : feuilleter les livres de notre bibliothèque pour mieux nous les approprier. De là, est née l’envie d’en apprendre davantage sur la bibliothérapie. Si ce mot peut certes surprendre, les pratiques thérapeutiques de lecture apparaissent aussi anciennes que les origines du livre et des bibliothèques. 

Isabelle Blondiaux, psychiatre et psychanalyste, nous fait ici l’honneur de nous introduire à son histoire et à ses fondements identitaires. Loin d’être une pratique univoque, la bibliothérapie regroupe en réalité une multiplicité d’approches pouvant elles-mêmes s’assembler en deux grandes tendances : celle dite informative ou cognitive, plus représentative du champ psycho-médical, visant à renseigner la personne sur ce qu’elle vit, à lui conseiller des lectures au plus proche de sa réalité ; et celle, dite créative, offrant davantage une échappée belle, relançant le mouvement de la pensée et de l’imaginaire. 

Nous avons en particulier souhaité développer cette mention créative. Cependant, comme l’évoque Isabelle Blondiaux dans son essai, « la ligne de partage (…) peut être d’autant plus difficile à repérer qu’elle dépend aussi de la réception privée de l’œuvre lue, de la manière dont le patient lecteur va aborder le livre et de l’effet que sa lecture produira sur lui » .

Ces premières bases étant posées, la bibliothérapeute québécoise, Katy Roy, nous emmène au cœur de cette grande fabrique à images que peut être notre imaginaire en nous introduisant à son approche, la bibliothérapie imaginale.

Ensuite, si nous pouvons questionner les applications possibles et l’intérêt de telles pratiques en soins palliatifs, le médecin Françoise Limiñana nous partage son expérience et montre combien des lectures à voix haute tenues au chevet du patient ne dévaluent point les actions médicales mais à l’inverse, les soutiennent et favorisent la qualité des soins.

Myriam Watthee-Delmotte, professeure émérite de littérature française à l’UCL, nous invite alors à partir d’une expérience intime, à penser « l’agir » de la littérature au cœur de la douleur et dans cette confrontation avec la mort.

En fin de dossier, je vous parlerai plus spécifiquement de la littérature de jeunesse et en particulier de l’album dont l’écriture singulière – comme en témoigne l’œuvre d’Anne Herbauts - peut accompagner l’enfant (mais aussi l’adulte) sur le chemin du deuil et ce, avec une grande justesse. 

Au nom de l’équipe de l’ASPPN, nous tenons à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué à l’écriture de ce dossier thématique. Bien que celui-ci ne puisse rendre compte de l’ensemble des pratiques et des initiatives en bibliothérapie, nous espérons qu’il puisse vous porter vers quelques livres-lumière…