L’intimité serait-elle le propre de l’homme ? 

Notion complexe, elle participera tout au long de la vie à la constitution de notre estime de soi et respect des autres, tout en permettant aux êtres humains que nous sommes de nous différencier les uns des autres. Evoluant au gré des expériences, se développant selon un degré propre à chacun, il est impossible d’en formaliser les contours et les limites. C’est que l’intime se rapporte au secret et ce qui est secret pour l’un ne l’est pas pour l’autre. Bastion de notre intégrité mentale et physique, elle se trouvera bien des fois menacée par les évènements de la vie et si certaines personnes la défendront farouchement, ne la réservant qu’à des personnes librement choisies, d’autres accepteront plus souplement de la partager.

Tenir compte des valeurs propres à chacun est un des fondements des soins palliatifs et le respect de l’intimité en est une prépondérante car elle renvoie directement à la dignité humaine. Les patients que nous rencontrons sont des personnes de plus en plus dépendantes, perdant peu à peu leur autonomie et qui sont amenées, pour la plupart, à devoir renoncer à une part d’intimité, ce qui les rend d’autant plus vulnérables. Nul n’est pudique ou honteux en étant seul. Ainsi, dans le domaine des soins palliatifs, où la sphère privée se conjugue à la sphère publique avec des limites toujours plus floues, où la relation est au cœur du soin, être à même de tenir compte de ce que chacun définit comme son intimité nous apparait fondamental. A nous de concourir à protéger l’intime, ce qui, en fonction des circonstances, pourra s’avérer un exercice bien délicat. S’accorder avec l’autre pour pouvoir respecter ce qui, par nature, voudrait rester dissimulé n’est pas chose simple. La communication et le savoir-être en seront les pierres angulaires et resteront nos meilleurs outils. 

Comme nous le verrons au travers des articles qui suivent, la notion d’intimité éveille chez chacun des points de vue très différents et offre des lectures multiples.