Aujourd’hui, les performances médicales et l’efficacité de la médecine techno-scientifique sont indéniables. Mais comme dans tous les secteurs, celle-ci doit s’exercer dans le respect de la loi et rester rentable. Dans cette complexité ambiante, comment éviter le risque d’objectiver le patient à travers une approche principalement scientifique qui risque de se focaliser sur l’organe malade ? Comment gérer les impératifs économiques édictant la prise en compte d’un rapport coût-efficacité dans le choix des traitements et la durée d’hospitalisation ? Comment ne pas être parfois tenté de privilégier une attitude thérapeutique formatée sur le respect des droits du patient pour se protéger, se rassurer ou éviter toute plainte ? Ces questions éthiques font débat.

Les risques de cette modernité se trouvent également au centre de la démarche d’information du malade par le médecin. En effet, dire la vérité ne peut se limiter à donner une information claire et précise dans une logique médico-légale qui risque d’être traumatisante pour le patient. Il s’agit bien davantage pour le médecin de rechercher quelle vérité le malade est capable d’entendre ou souhaite entendre, dans une attitude humaniste, honnête et authentique, qui instaurera un climat de confiance et préservera l’espoir dans la réalité de la maladie et à travers son évolution. 

Dans ce dossier, vous découvrirez  l’article d’un juriste,  M. Gilles Genicot, qui nous détaille tout en nuances le cadre légal en matière d’information du patient et nous livre sa réflexion qu’il résume en ces mots : « Garantir la transparence tout en protégeant le patient ». Nous vous proposons ensuite l’avis d’un médecin, Jean-Pierre Bénézech qui travaille en unité de soins palliatifs. Il invite les soignants à franchir une porte étroite vers « l’honnêteté optimiste ».Vient ensuite l’éclairage de la philosophie, sous la plume de M. Jean-Michel Longneaux, autour de la question « faut-il dire ou ne pas dire la vérité ? ». Dans la continuité, une oncologue, le Docteur Marianne Lecomte, en s’appuyant sur sa longue expérience, nous fait part de sa réflexion  sur « les risques et bienfaits de notre modernité » et de son impact dans les pratiques médicales et dans la relation thérapeutique. Enfin, il nous a semblé intéressant pour élargir la réflexion de rencontrer M. Raphaël Driesen et son équipe de médiation interculturelle pour nous sensibiliser à la complexité du devoir d’information dans la prise en charge de patients d’origines étrangères. Les contenus de nos articles seront aussi ça et là illustrés par des vignettes cliniques et témoignages de soignants.