La population belge vieillit. En effet, au sein de la population le nombre de personnes âgées augmente. L’espérance de vie s’allonge également. Il y a de plus en plus de personnes âgées qui vivent de plus en plus longtemps. Nous parlons d’intensification du vieillissement. La vieillesse est donc devenue un enjeu de société. 

Face à cette évolution générale de la société, les pratiques de soins palliatifs se questionnent. Les expériences de terrain relèvent en effet une nouvelle réalité, l’accompagnement des personnes très âgées. La présence de polypathologies, fréquentes dans le grand âge, et d’un déclin de l’état général viennent compliquer l’identification du processus de fin de vie. Il y a une différence dans le prendre soins d’un adulte et le prendre soin d’une personne âgée. Cette prise en charge s’appuiera sur des signes plus vagues et flous que dans une pathologie unique et identifiable. Il est souvent difficile de poser un pronostic en terme de temps vu l’évolution imprévisible. Néanmoins, c’est une réalité dont il faut s’occuper. 

Dès lors, il n’est pas étonnant que les équipes soignantes se posent les questions suivantes, qu’est-ce qui relève de la prise en charge gériatrique ? Qu’est-ce qui relève de la prise en charge palliative ? existe-t-il une frontière entre les deux ? Doit-on marquer cette frontière ? Pouvons-nous parler de soins « palliatifs » lorsque la personne âgée n’a pas de pathologie grave identifiable ? 

Toutes ces réflexions viennent interroger la place laissée à la personne âgée, aussi bien au niveau de la société au travers d’idées préconçues qu’au niveau de la pratique quotidienne au travers du projet de vie.  

Dès lors, l’écriture a été donnée aux acteurs de terrain afin qu’ils partagent leurs expériences et leurs vécus. À l’instar de ces témoignages, ce dossier propose de nouveaux concepts et de nouvelles approches. Nous espérons que ces apports vous donneront l’occasion d’enrichir vos réflexions face à la question initiale, « les limites entre la gériatrie et les soins palliatifs ». 

Il est évident que toutes les questions soulevées ne trouveront pas réponses. En effet, notre souci premier était avant tout de susciter le doute. Un doute qui permettrait de questionner sa pratique quotidienne pour in fine, interroger la place de la personne très âgée… contrecarrer l’oubli de celle-ci.