Notre société, violente et mortifère, est néanmoins caractérisée par le déni de la mort. Celle-ci nous obsède, car elle est notre unique certitude, mais en même temps nous faisons tout pour l'oublier. D'autres sociétés, notamment en Afrique, ont une attitude différente. Quelle est donc la place de la mort en Occident ? Quelle est celle des morts ? Comment accepter notre destin de mortel afin de mieux vivre ? De ce livre monumental, Daniel Roche a écrit, dans les Annales, qu'il « peut-être considéré comme l'un des guides indispensables à nos interrogations collectives ».

Un vif contraste s'établit entre les sociétés précapitalistes où la mort et les morts sont à leur place et les sociétés modernes d'Occident orientées vers la rentabilité et le profit, qui les rejettent. Le pouvoir de l'homme sur lui-même (avortement, euthanasie, suicide et peine de mort), la violence sous toutes ses formes (guerres, accidents de travail et de circulation, tortures, écocides et zoocides) l'accroissement de la durée de vie qui pose avec acuité le problème angoissant des vieillards... suffisent pour caractériser une société mortifère , la nôtre, où le déni de mort s'impose, la pluralité de ses moments, la diversité des attitudes qu'elle suscite, la richesse des fantasmes qu'elle élabore nous introduisent au cœur même de l'anthropologie. 

L'auteur de cette étude, professeur de sociologie à l'Université de René Descartes (Paris -V), membre fondateur de la Société de Thanatologie, avait déjà publié en 1968 un ouvrage intitulé "Cinq essais sur la mort africaine." C'est une vaste confrontation critique entre cette mort africaine et la mort occidentale qu'il nous propose aujourd'hui. L'homme moderne saura-t-il inventer le nouvel humanisme qui l'aidera à acceptation son destin de mortel afin de mieux vivre? Une telle mutation ne peut que mettre en question la société de profit et le pouvoir qui la cautionne.