Le thème central du film est « La solitude ». John May, l’acteur principal, en est l’incarnation : il vit seul, sans famille, sans amis. Durant tout le film, on sent sa difficulté à entrer en relation avec les vivants… Ce sont les défunts qu’il accompagne qu’il considère comme ses proches ; il colle d’ailleurs leurs photos dans un album souvenir.
Toute l’histoire nous est livrée du point de vue de John May et cela fonctionne. Les dialogues sont courts, simples, vrais à l’image du héros. John May nous embarque, nous touche, nous émeut.
Le début du film est très lent, sombre, triste. John May vit de façon organisée mais désespérément routinière. Son visage est inexpressif, ses dialogues très courts… jusqu’au moment où il va prendre en charge les funérailles de Billy Stocke. Il n’a que quelques jours devant lui. Le rythme s’accélère et l’image s’éclaire à mesure qu’il retrouve des personnes qui l’ont bien connu : un ancien militaire, deux compagnons d’infortune, une ex-femme… Mais c’est sa rencontre avec Kelly Stocke qui va le chambouler. Nous assistons alors à une véritable transformation physique : son visage s’illumine, ses yeux pétillent et un sourire se dessine. Tout laisse présager une happy end. Le dernier chapitre laisse sans voix !
Outre l’acteur principal qui fait dans ce film une prestation exceptionnelle, l’apport du comique de répétition (l’acteur mange la même chose plusieurs fois, par exemple une pomme, du pâté industriel en boîte et une tranche de pain toastée, etc.) allège les scènes chargées en émotion… Le film est un très bel hommage aux humains quels qu’ils soient ; il nous invite à aller à la rencontre de ce qui est différent de nous. En conclusion, s’immiscer dans l’univers de John May, c’est prendre des risques.
Le film ouvre aussi la réflexion sur la situation des indigents, la nécessité des funérailles, la complexité des relations familiales, le métier d’employé de pompes funèbres, la confrontation entre réalité sociale et économique, les volontés en matière de funérailles et de sépulture et le respect de celles-ci.
Le seul petit bémol à souligner est que le film est sous-titré et ne peut donc pas être projeté aux mal voyants.
Par: Nathalie Legaye, Coordinatrice de la Plate-forme des soins palliatifs en Province de Liège
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