COUP DE COEUR

Le soin, une philosophie

Choisir et vivre des pratiques de reconnaissance réciproque

DUPUIS Michel
Livre
Adulte
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La critique

Difficile exercice que d’écrire en quelques lignes ce qui a suscité le coup de cœur dans cet ouvrage de Michel Dupuis, tant chaque page recèle au moins un élément qui donne du sens au métier de soignant. 

L’auteur décrit la pratique soignante comme un ensemble des soins à s’appliquer d’abord à soi-même. Il parle d’un travail à effectuer, d’un temps à consacrer pour « prendre soin de son âme ».

Il explique ensuite que, pour être éthique et de qualité, le soin doit s’accompagner d’un comportement empathique. Il nous invite à prendre de la distance par rapport à nos projections, et à porter une attention particulière à l’identité, au caractère, au tempérament, aux expériences passées et au contexte dans lequel évolue la personne qui est face à nous. A ce niveau, le méta-principe de l’ « à chaque fois », que l’auteur présente comme le « principe des principes » de la pratique éthique, nous guide pour accueillir l’autre, unique, comme si c’était chaque fois la première fois. 

Pour un soin de qualité, il faut aussi que nos institutions soient porteuses d’une éthique organisationnelle qui rend possible le travail en équipe, les moments partagés où peut émerger l’authenticité. 

L’auteur nous parle de la vérité, pas celle que nous croyons détenir personnellement, mais celle qui découle d’un travail collectif de réflexion, de délibération. Il rappelle que le présent est « le seul lieu où nous pouvons être authentiques ».

Enfin, Michel Dupuis relativise le précepte selon lequel il faut mettre le patient au centre, en insistant plutôt sur l’importance de la rencontre, du partage, et sur la reconnaissance du fait que nous dépendons chacun des autres.

Le soin, comme philosophie, est une rencontre avec soi-même et avec un autre unique, porteur d’une histoire et évoluant dans un contexte particulier. Il exige de l’authenticité et n’est pas sans risques de « dérangement de soi », mais c’est aussi ce qui en fait la richesse… 


Par: Isabelle Docquier, Coordinatrice de la Plate-forme des soins palliatifs en Province de Liège
Les propos repris ci-dessus n'engagent la responsabilité que de l'auteur de cette critique.

Extrait

Le miracle de l’empathie n’est rien d’autre que cela : l’énigme me fait signe, sans plus se cacher, sans tout à fait se dévoiler. Et c’est sans doute cela le métier de professionnel des soins - entendu, comme chaque fois au sens large - : entendre, interpréter, confier, donner, transmettre, soutenir, etc. en espérant que « ça » traverse et que « ça » passe dans un sens et dans l’autre. Guère de maîtrise, de prise de pouvoir, de manipulation d’un ou de l’autre côté dans cette histoire : juste de la confiance et de la résolution. Pas mal de courage aussi.

Prendre soin de l’empathie, c’est prendre soin de la source du soin.

(...)

Il faut rappeler que, dans notre tradition philosophique occidentale, l’autonomie, c’est avant tout l’art de se conduire, et même de se bien conduire, c’est-à-dire la capacité d’envisager les situations et les chemins à prendre, et aussi celle d’assumer le choix que l’on fait consciemment. On est loin de l’inconstance capricieuse, du « syndrome de la girouette »… mais on se trouve ainsi au cœur des choix personnels, qui peuvent être très différents d’un individu à l’autre, et donc paraître insensés, ou futiles, ou déplacés, ou pathologiques.



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